Laur'Art

Association Culturelle

La sorcellerie en Bretagne

11 septembre 2019 adminlaurart 0 Comments

Dominique CAMUS, ethnologue.

-mardi 15 octobre: aura lieu une conférence-débat sur le thème de la sorcellerie en Bretagne présentée par Dominique Camus. Il nous avait passionés en février dernier avec sa grande connaissance des médecines parallèles; il revient nous parler de cet autre sujet d’étude, la sorcellerie et ses pratiques dans notre région.

Ouverture des portes à 20h.

Salle des fêtes de Laurenan, 20h30.

Adhérents 4€, non-adhérents 6€.

 

Voici le compte rendu de notre présidente Monique LECLERC:

 

Laur’art : Sorcellerie Dominique Camus/

Mardi 15 octobre 2019

Le sujet abordé mardi dernier par Dominique Camus a séduit par son caractère d’étrangeté : une centaine de personnes ont assisté à sa conférence ; mais comment parler de sorcellerie d’un point de vue sérieux et scientifique ? En effet notre association Laur’art a toujours recherché un enrichissement culturel par la réflexion et l’approfondissement des connaissances et des points de vue. Or dans nos sociétés de plus en plus rationnelles, on constate la persistance de pratiques qui échappent à ce rationalisme. Nous avons donc écouté D. Camus , qui a longuement étudié ces pratiques depuis 30 ans, mais nous avons gardé présent à l’esprit un de nos principes fondateurs : le refus de tout obscurantisme et la recherche de savoirs qui libèrent et non qui enferment.

La sorcellerie est-elle une scorie du passé ? une pratique vouée à disparaître, ou à perdurer? Un reste de discours sur le bon vieux temps ? Qui a recours aujourd’hui à la sorcellerie ?, des femmes tournées vers le merveilleux ? ou un public de personnes âgées ? Le portrait des sorciers n’est pas flatteur : on les compare souvent à des charlatans qui vivent sur la misère du monde. Cependant, ces personnages méritent un regard plus appuyé. Bien sûr on peut citer les formidables romans sur l’école des sorciers de Harry Potter, mais au-delà ? Comment devient-on sorcier ? par un don dans le domaine du magique, soit Guérisseur/ magnétiseur, soit voyance ou médiumnité. Dans les deux cas il s’agit d’une ascension professionnelle, car la sorcellerie est un « métier » très lucratif. On transmet le savoir à un novice pendant plusieurs années, il apprend les pratiques qui se répètent sur le terrain. Ces pratiques ont un caractère spécifique, différentes des magnétiseurs et des sourciers. Les sorciers sont supposés agir sur les choses et sur les hommes : ils opèrent pour le bien d’un demandeur.

 

  1. Camus nous racontent alors trois « affaires » d’ensorcellement : une dame divorcée, dont la maison subit des saccages réguliers : tout le verre de la maison est détruit…Elle ressent l’impression d’une présence dans la maison, et après l’échec d’une enquête décide de faire appel à un « désenvoûteur ». Ce type d’angoisse est souvent perçu par l’entourage comme une forme de maladie mentale, et entraîne donc une détresse ou une mort sociale. Un autre exemple est celui d’un couple d’agriculteurs qui subit de graves dommages sur sa ferme et finit, faute d’explications, par les attribuer à un « sort » ou un envoûtement.

Les pratiques de « désenvoûtement » sont variables ; il faut d’abord découvrir quel est l’ensorceleur : le plus souvent un voisin ou une personne de la famille qui souhaite s’attribuer un bien, des terres ou retrouver un amour déçu ; il s’agit toujours d’une stratégie de reconquête amoureuse, ou économique ou enfin d’une vengeance; ces pratiques durent longtemps et vont de l’épandage d’eau bénite à la consommation de breuvages à base de plantes,  de protection des lieux avec des amulettes…ou de purification des lieux.

On observe deux constantes dans ces pratiques : on est le plus souvent dans un univers social malmené, où les relations sont tendues et on n’ose pas passer par le registre de la justice ; où l’on ne fait plus appel au simple bon sens. Le deuxième constat est que ces pratiques coûtent très cher et durent longtemps, et c’est là que le bât blesse…

 

Dominique Camus cite encore le personnage de la sorcière au féminin : elle a traversé deux siècles d’histoire, racontés par l’historien Michelet ; c’est une figure mythique qui a longtemps été persécutée (notre civilisation a été la seule à brûler les sorcières pendant de longues et sombres périodes) ; mais aujourd’hui le mouvement féministe cherche à utiliser cette image de la sorcière sous une forme humoristique à travers des groupes ou réunions de sorcières comme en Californie, il y a là un renouveau de la figure féminine. Et au regard de la loi, depuis Louis XIV la sorcellerie a été abolie.

Enfin pour conclure D. Camus cite les tentatives de l’Etat pour lutter contre la sorcellerie : par l’éducation, la psychologie ou la psychanalyse, le code pénal contre les charlatans, ou les plaintes contre l’escroquerie. La question reste ouverte : y croire ou pas ?

 

#conférence-débat#dominique camus#laur'art#sorcellerie

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