Laur'Art

Association Culturelle

Pablo Escobar et le cartel de la drogue en Colombie.

1 juillet 2018 adminlaurart 0 Comments

Jeudi 11 octobre 2018.

Soirée présentée par Edwin Molina, écrivain né en Colombie en 1972 et en France depuis 1996. Aujourd’hui, il habite Saint-Brieuc. Il exposera le parcours et le développement des protagonistes, tels Ingrid Betancourt ou Pablo Escobar, de cet évènement qui a touché la Colombie pendant très longtemps.

En partant de ces deux protagonistes, Edwin exposera une vision de ce qu’était la Colombie dans les années 90 et ce que les Colombiens sont en train de vivre aujourd’hui, plus d’autres conflits qui restent.

Vous pouvez trouver les récits d’Edwin Molina en français « La rue: ombre du double » et en espagnol « Relatos Cuánticos » chez Biblioteca Amanecer.

Salles de fêtes de Laurenan (22).

Ouverture des portes à 20h.

4€ adhérents, 6€ non adhérents.

 

Voici quelques images de son intervention:

 

 

 

 

 

 

images ©josemariagilpuchol

Compte rendu de Monique LECLERC:

Laur’art : une soirée très instructive : comprendre la naissance des cartels de la drogue en Colombie, avec Edwin Molina.

Au cours de cette soirée l’historien franco-Colombien Edwin Molina nous a d’abord dressé un portrait de son pays la Colombie, et du contexte historique qui a vu la naissance des cartels. La Colombie est un pays contrasté par son relief : la capitale Bogota est à 2600m d’altitude, c’est une région assez froide, tandis que sur la côte les températures sont beaucoup plus douces (jusqu’à 40°) ; le pays est caractérisé par des « étages thermiques » très variés, et une grande diversité biologique et agricole.

Au plan historique, on constate depuis les années 70 un grand sentiment d’insécurité dans la population, lié à un climat de violence dont les habitants, la plupart totalement pacifiques, sont les premières victimes. Un rapide retour historique nous apprend qu’avant la conquête par les espagnols au début du 16èmè siècle, les indiens étaient une population « tranquille », sereine, des agriculteurs et des artisans orfèvres, qui travaillaient magnifiquement l’or local. Ils offrirent peu de résistance aux espagnols, mais très vite les jeunes générations ont refusé la tutelle espagnole, ce qui a entraîné de nombreux conflits et créé un climat de violence, jusqu’à la libération de toute la région par Simon Bolivar. 

Au cours des siècles suivant le pays s’organise autour de deux grands courants de pensée : les conservateurs associés à l’église catholique, très présente dans le pays, et les progressistes, inspirés par la révolution française, et le travail de traduction du texte des droits de l’homme en espagnol par Antonio Carino. Les représentants des deux partis, tous membres d’une élite aisée, gouvernent à tour de rôle. En 1948, l’assassinat d’un progressiste taxé de « communiste », très proche du peuple par son éloquence, entraîne une grande période de violence, de nombreux massacres entre les deux partis. C’est dans ce contexte que naît Pablo Escobar, à Medellín ; issu d’une famille de la classe moyenne (mère institutrice, père cultivateur) il souffre du départ de celui-ci et organise sa vie autour d’un seul but : « gagner de l’argent ». Dans le même temps on assiste à la naissance des guérillas de gauche : trois ou quatre groupes de guerilleros dont les FARC, révolutionnaires, et de groupes de paramilitaires proches de l’extrême droite : dans ce moment d’opposition violente entre tous ces groupes, Pablo Escobar comprend comment, dans un pays agricole pauvre, il peut gagner beaucoup d’argent en développant le commerce de la coca. 

Cette feuille traditionnellement mâchée par les indiens depuis la nuit des temps pour lutter contre le mal des montagnes, et aider au travail en altitude, va être transformée en drogue sous la forme connue de cocaïne, consommée d’abord par les pays riches, États-Unis, Europe…Le pays est alors en pleine turbulence, mais notre historien souligne que malgré tout l’économie fonctionne, les colombiens forment un peuple joyeux en proie aux problèmes sociaux. Ce que Pablo Escobar va comprendre et exploiter : il devient très riche et investit une partie de ses gains dans de vastes programmes sociaux : piscines, terrains de sports, immeubles, et il alimente les guérillas de gauche. En 1985 la prise par l’une d’elles du Palais de justice national entraîne la perte de tous les dossiers de justice liés au trafic de drogue ; Pablo Escobar devient alors l’ennemi public n°1 recherché par toutes les polices de Colombie, des États-Unis et des pays d’Europe. 

Il multiplie les actions violentes : assassinats de policiers , assassinat d’un candidat à la présidence du pays, attentats contre des avions…Au final le président colombien en accord avec les États-Unis décide de faire une trêve et il est placé de son plein gré dans une « prison » construite pour lui et contrôlée par lui, ce qui révolte bientôt une partie de la population ; lors d’une tentative de transfert, il s’enfuit, se cache auprès des siens, ceux qui le soutiennent, ceux qu’il a « arrosés » de son argent ; mais la chasse à l’homme recommence et c’est grâce au travail d’un groupe : le cartel de Cali, qu’il est arrêté et abattu par la police en 1990. 

Il est important pour la jeunesse colombienne de comprendre que Pablo Escobar n’est pas un héros : il a fait beaucoup de mal à la population, à l’image de la Colombie, donnant le mauvais exemple de l’argent facile. Mais il est aussi le produit d’une société violente, associée à un contexte mondial de richesse de certains pays et de développement du commerce en dollars, avec une demande sans cesse croissante pour les drogues. 

Edwin Molina nous explique alors que le commerce illicite de la drogue s’appuie sur une grande hypocrisie de la part des dirigeants : les sommes brassées sont énormes, les fortunes en millions, parfois milliards de dollars ; cet argent, placé dans les paradis fiscaux alimente l’économie mondiale. Selon l’historien la lutte contre les trafiquants ne s’attaque pas à la vraie cause du problème : la demande des consommateurs des pays riches ; pour combattre ce fléau il faudrait s’appuyer sur l’éducation, dépénaliser et encadrer la consommation ; il compare l’interdiction avec la période de la prohibition de l’alcool aux États-Unis et les troubles qu’elle a engendrés avant la légalisation. Il faut engager une réflexion au niveau mondial sur la possible dépénalisation de la consommation.

Enfin il conclue en répétant qu’il ne faut pas accuser la Colombie, ni rendre ses habitants responsables d’un trafic qu’ils subissent : les colombiens sont des gens instruits, gentils, c’est un pays qui compte de nombreux artistes, de grands sportifs, et qui mérite mieux que d’être toujours associé à l’image des trafiquants. C’est un pays qui a des ressources économiques par son agriculture, principalement maraîchère, et le gouvernement cherche à encourager une politique de « substitution » pour les agriculteurs qui cultivent la coca, et doivent maintenant se reconvertir vers d’autres pratiques. Une image plus positive d’un pays magnifique et qui s’ouvre maintenant au tourisme.

 

 

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